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Après une année 2021 remarquable, qui a notamment vu son chiffre d’affaires bondir de 96,5 %, Wyz Group ne manque pas d’ambitions pour l’exercice en cours. Il vient d’ailleurs de signer avec Emil Frey France pour intégrer un module dédié à l’activité pneus.
Le module Autosphere Pneus devrait être mis en place par Wyz Group. Emil Frey exploitera ainsi une plateforme digitale de distribution-redistribution spécialisée. Elle lui permettra de piloter précisément tous ses flux de pneumatique, en s’adaptant aux procédures de chaque constructeur. La digitalisation de ce poste rationalisera ainsi cette activité entre les 250 concessions du groupe et leurs multiples marques, ainsi qu’avec ses milliers de clients (agents, garages et MRA). Cet outil permettra aussi d’identifier toutes les demandes auxquelles ce vaste réseau ne peut pas directement répondre. Il pourra donc ainsi précisément ajuster son offre. Ce module profitera aussi à Flauraud, sa filiale de distribution multimarque. Au final, il répond donc à une véritable gageure au regard du nombre de références pneumatique concernées.
Ce partenariat emblématique – entre le premier groupe de concessions en France et le spécialiste des outils digitaux dédiés aux pneus – illustre la prise de conscience des atouts de la transition numérique pour le secteur. Ainsi, « l’automobile est très en retard sur la digitalisation, notamment sur la prise de rendez-vous en ligne, nous sommes très loin de la médecine avec Doctolib, par exemple », observe Vincent Gorce, directeur général d’Emil Frey. Son groupe fait pourtant partie des bons élèves, notamment avec sa plateforme de commerce en ligne Autosphere.
Digitalisation du secteur impérative
Mais, « les niveaux de digitalisation et d’exigence ne sont pas du tout les mêmes, selon les marques, les groupes, selon les différents acteurs (professionnels du pneu, centres-auto, fast-fitters) », confirme Pierre Guirard, PDG de Wyz Group. « Nous nous appuyons sur des exemples comme Emil Frey France pour montrer à la profession qu’il est temps d’agir, voire de réagir, sans tomber dans la magie… Car, la digitalisation, ça se construit en BtoB comme en BtoC ». Car, « mettre un outil digital à disposition d’un réseau n’est pas compliqué. Mais tout dépend de la manière dont la tête de réseau l’engage à bien utiliser son outil. Si on ne capitalise pas sur ce dernier, il ne sert à rien », précise Jean-Philippe Duhoux, directeur commercial de Wyz Group.
Ces spécialistes soulignent que le passage à la digitalisation exige des investissements en temps et en implication des équipes. Mais à la fin, « chez nos meilleurs clients, après dix ans d’investissements et d’expérience, ils peuvent atteindre 50 % de leurs ventes en digital sur certaines campagnes », affirme Pierre Guirard. Sans compter les clients qui visitent le site Internet, avant de se rendre en magasin. Et c’est ce vaste savoir-faire qui booste la croissance spectaculaire de l’entreprise spécialisée dans les services numériques.
En effet, WYZ Group a atteint 113,6 millions d’euros de chiffre d’affaires en 2021 (contre 57,8 millions d’euros en 2020). Il l’a donc quasiment doublé en un an. Sur le plus long terme, cette performance a été réalisée alors que l’entreprise a enregistré une croissance moyenne de 33 % par an depuis sa naissance en 2008. Cette progression plus forte a été boostée en juillet 2021, par le bouclage d’une importante levée de fonds avec l’entrée dans son capital de BPI France et BNP Paribas (y rejoignant ainsi Holnest, holding de Jean-Michel Aulas).
Croissance à deux niveaux pour Wyz Group
Son équipe dirigeante explique ce succès historique par plusieurs facteurs. Évidemment, la crise sanitaire et ses pénuries ont poussé les opérations de dépannage, avec de belles opportunités. Mais, l’entreprise a aussi su diversifier ses clients et son catalogue. Ses outils numériques – dédiés à la distribution, redistribution, aux devis et aux flottes – peuvent ainsi être indépendants ou intégrés aux systèmes de leurs partenaires. Surtout, « cette croissance a été possible parce que nous avons anticipé avant d’autre ce qui allait se passer sur le marché – marché actuellement très perturbé – avec nos plateformes digitales scalables, capables s’absorber des croissances assez fortes », explique Pierre Guirard. Le président ajoute que « nous avons toujours été très clairs sur nos engagements commerciaux avec nos clients et avons pu tenir ces prix en période de pénurie, grâce à des partenariats forts avec nos fournisseurs ».
Dans ce contexte, l’entreprise a connu une croissance 2021 à deux niveaux. « D’abord, notre base clients existante a progressé au travers d’accords avec BMW ou encore avec la nouvelle plateforme dépannage des 38 plaques Distrigo, le lancement de la solution de Stellantis en Espagne, de Renault en Belgique et de Toyota au Portugal », précise Jean-Philippe Duhoux. Ici, il présente l’accord avec Emil Frey comme une apothéose. Mais parallèlement, « nous avons mis en place des produits dédiés au poids lourd chez un négociant comme Eurotyre. Tandis que côté flottes, nous avons renouvelé le contrat avec Veolia et remporté l’appel d’offre Spie Batignolles concernant 10 000 véhicules. »
Mais au-delà de ses offres sur-mesure, la diversification du spécialiste du pneu l’a poussé à s’étendre à d’autres produits. Raison pour laquelle WYZ Group est entré au capital de la start-up Spid Tech. Celle-ci est concentrée sur la conception de plateformes BtoBtoC pour le négoce d’accessoires, de pièces détachées et de pneus. Elle a aussi noué un partenariat avec une autre jeune pousse, Vivocaz, pour répondre aux besoins de flottes. Des fonctionnalités complémentaires peuvent être ajoutés à ses outils de gestion des pneumatiques : aide à la réparation de vitrage, à la pré-restitution, au convoyage et bientôt au e-constat.
Ambitions européennes
C’est donc avec l’ensemble de ce portefeuille et guidé par cette stratégie que WYZ Group se tourne désormais vers l’international. Cet horizon avait été repoussé à plusieurs reprises à cause de la crise sanitaire. Comme nous l’avons déjà vu, c’est d’abord avec les constructeurs que le spécialiste amorce ce changement de dimension.
« Aujourd’hui nous sommes principalement implantés en France, avec des filiales commerciales au Benelux, en Espagne, au Portugal et en Suède, pour accompagner des clients. Nous continuons à démarcher des prospects localement, mais notre objectif est de développer des accords avec les sièges européens », précise Jean-Philippe Duhoux. Il annonce ainsi le déploiement de son groupe en Allemagne et au Danemark avec Toyota, d’ici à cet été. Puis, en Italie avant la fin 2022. Pierre Guirard précise que « nous avons un plan d’action avec trois pays par an, sur les prochaines années ». Cette dernière ambition est précisément liée au « coup de pouce » capitalistique réalisé l’été dernier.