Brune Poirson, secrétaire d’État auprès de la ministre de la Transition écologique et solidaire, a signé une charte avec les fabricants et les distributeurs de la filière pneu. Ces derniers s’engagent à collecter chaque année 15 000 tonnes de vieux pneus qu’ingèrent malencontreusement les vaches.
On savait les vaches victimes de canettes de bière ou de coca, qui leur perforent la panse lorsqu’elles les ingèrent avec du foin récolté dans les campagnes où ces canettes ont atterris, souvent jetées d’une voiture. On savait moins que les mêmes animaux subissaient aussi la malédiction du pneu… Depuis les années 70 et jusqu’en 2015, des pneus en fin de vie étaient vendus aux agriculteurs pour maintenir les bâches qui protègent le fourrage dans les champs. Une façon, pensait-on, de recycler les pneus usagés… La philosophie a ensuite changé, mais les pneus sont restés… Et en se dégradant, ils libèrent des filaments métalliques que peuvent ingérer les vaches, tout comme des morceaux de caoutchouc. Selon l’association Robin des bois, quelque 60 000 bovins chaque année en France seraient victimes, ainsi que les fermiers qui doivent souvent les abattre, de cette « maladie des déchets », aussi appelée « maladie de la quincaillerie ».
Aiguillonnée par des associations comme Robin des bois, la filière a décidé d’agir. Sous la houlette du ministère de la Transition écologique et solidaire, manufacturiers, constructeurs automobiles et distributeurs de pneus se sont engagés à collecter et valoriser jusqu’à 15 000 tonnes de pneus par an, soit l’équivalent de 2,3 millions de pneus d’ensilage. Le 15 juillet dernier, lors d’une réunion dans la Creuse, en présence de Brune Poirson, secrétaire d’État auprès de la ministre de la Transition écologique et solidaire, ils ont signé une charte, pour lancer l’opération Ensivalor.
En plus de la collecte, les entreprises de la filière se sont en outre engagées à financer 50% des opérations et à mettre à disposition leurs ressources opérationnelles. Ensivalor sera d’abord réservée aux exploitants cessant leur activité, puis à ceux qui opteront pour une autre technique afin de lester les bâches d’ensilage. Mais le chantier est, de l’aveu même du ministère, énorme, coûteux, et long. Il pourrait durer de 20 à 30 ans, selon les écologistes, compte tenu des centaines de tonnes de pneus à récolter. D’ailleurs, le secrétariat à la Transition écologique va lancer une étude auprès de l’Agence de l’environnement (Ademe) pour être plus au fait du volume de pneus dans les élevages de l’Hexagone. Que faire ensuite des pneus récoltés ? Robin des bois propose par exemple qu’ils soient utilisés par les cimentiers, pour chauffer leurs fours…